Raclette : comment le savoir-faire français, du fromage à l’appareil, a façonné un rituel devenu national

Le dernier sondage national consacré à la raclette confirme ce que l’intuition laissait déjà deviner : la France entretient avec ce plat un lien qui dépasse largement l’attachement culinaire. En 2025, 88 % des Français ont mangé au moins une raclette, un niveau qui place ce plat d’origine alpine parmi les pratiques les plus répandues de l’hiver. Plus étonnant encore, la raclette atteint la première place chez les moins de 30 ans, tandis qu’elle se hisse au deuxième rang des plats préférés de l’ensemble de la population. Ce succès massif, persistant et intergénérationnel ne s’explique pas uniquement par le goût du fromage fondu, mais par une alliance singulière : celle d’un terroir qui a su conserver son identité et d’un tissu industriel français qui a transformé un geste pastoral en rituel moderne.

Sans le fromage, pas de raclette

Au départ, il y a le fromage, celui de Savoie, façonné dans les alpages par un savoir-faire transmis depuis des générations. La richesse laitière des pâturages, la conduite des troupeaux, l’affinage patient : tous ces éléments confèrent au fromage à raclette une personnalité forte, immédiatement identifiable. Le sondage montre que cette dimension territoriale joue un rôle décisif dans l’attachement au plat. Pour une majorité de Français, le choix du fromage est le premier facteur de réussite de la raclette. Ce rapport presque instinctif au produit rappelle combien la gastronomie française reste sensible à la notion d’origine et à la qualité des matières premières.

Mais cette fidélité n’aurait jamais suffi à faire de la raclette un phénomène national sans l’évolution parallèle d’un objet : l’appareil domestique. Le sondage révèle un élément frappant : pour la quasi-totalité des Français, la raclette n’existe pas sans son appareil. L’objet est perçu comme indispensable, au point d’être devenu le symbole même du rituel. Cette réalité trouve son origine dans l’histoire industrielle des années 1980, lorsque les fabricants français ont standardisé et diffusé les premiers appareils ménagers dédiés, permettant au plat de sortir de la sphère montagnarde pour s’installer dans les salons urbains comme dans les cuisines familiales. L’innovation a permis la démocratisation, et la démocratisation a ancré la pratique dans la culture.

SEB Paris Raclette Day : célébrer le savoir-faire français

Cette dimension a été largement mise en lumière lors du SEB Paris Raclette Day, un événement qui, au-delà de la célébration gourmande, exposait les coulisses du Made in France appliqué au petit électroménager. Plusieurs appareils y incarnaient cette rencontre entre héritage culinaire et ingénierie contemporaine. La Gourmet Pierrade, fabriquée en Haute-Savoie, est un exemple emblématique : sa pierre chaude rappelle directement les gestes traditionnels tout en intégrant les technologies nécessaires à un usage domestique sûr et efficace. L’Eco Raclette, conçue pour réduire la consommation énergétique, marque une évolution significative des attentes. Le sondage souligne d’ailleurs que près d’un Français sur deux se déclare attentif à l’impact environnemental de ses appareils de cuisson, confirmant la nécessité d’une innovation qui accompagne les préoccupations sociétales. Quant au Food & Co, conçu pour les grandes tablées, il répond à une autre tendance révélée par l’enquête : les jeunes privilégient largement la raclette en groupe, attirés par sa simplicité d’organisation et sa capacité à créer des moments partagés sans contrainte.

L’événement parisien mettait également en scène d’autres produits issus des savoir-faire régionaux, comme les Billig bretonnes, les gaufriers professionnels ou les appareils à fondue revisités fabriqués par SEB en France. Leur présence soulignait la diversité d’un écosystème industriel capable d’accompagner non seulement les traditions, mais les usages auxquels elles donnent naissance. Car la raclette n’est pas un plat figé. Le sondage national mené par Les Toques Françaises et UMIH Formation en décembre 2025 montre que les Français la choisissent autant pour sa convivialité que pour sa facilité d’adaptation : chacun y compose son assiette, régule son rythme, personnalise son repas. C’est cette liberté qui explique en grande partie l’homogénéité du phénomène à travers les âges.

Un rituel entre tradition et innovation

Enfin, l’un des enseignements majeurs de l’enquête tient au vocabulaire employé par les répondants. Pour 95 % d’entre eux, la raclette est “un rituel”. Ce mot dit tout. Il traduit un moment codifié mais flexible, familier mais toujours attendu, où l’objet joue autant de rôle que le produit lui-même. Il décrit une pratique qui rassemble, ralentit, apaise, dans une société où les repas sont souvent fragmentés et les rythmes de vie accélérés. La raclette fonctionne comme une réponse culturelle à ce besoin d’équilibre : un plat simple, un geste collectif, un objet central qui organise l’expérience.

Si la raclette est devenue un symbole national, c’est parce que la France a su faire dialoguer deux patrimoines : celui des montagnes, où le fromage prend vie, et celui des ateliers, où l’appareil se perfectionne. L’innovation n’a pas effacé la tradition ; elle lui a donné les moyens de circuler, de se moderniser et de se transmettre. Le rituel d’hier est devenu l’évidence d’aujourd’hui. Et à en croire les chiffres du sondage, il n’a pas fini de s’inscrire dans l’hiver français.